Une extension pour en remplacer une autre
« Depuis le mois de juillet 2021, une tension croissante se fait sentir sur la disponibilité et le coût des matériaux nécessaires à la réalisation des chantiers. »
Ordre des Architectes, conseil national «Les architectes impactés par la crise des matériaux», avril 2022
Une maison de bourg dans un territoire relégué, faîte d’ajouts successifs de plus ou moins bonne facture. Une famille recomposée avec deux enfants, le troisième arrive durant le chantier. Un besoin de nos cinq clients : une cuisine sur le jardin, laissant rentrer la lumière dans la maison (trop profonde).
Nous reformulons le programme et l’ambition du projet : 30 m² d’espace augmenté pour créer une seule grande pièce de vie de 85m², séquencée mais traversante, entre rue et jardin.
Les contraintes émergent : une parcelle inaccessible, budget réduit, zone désertée par les artisans, mise en œuvre non conventionnelle, distance, très peu d’entreprises pour relever ce défi; et la demande des clients de limiter les matériaux bruts apparents (esthétique/entretien). Nous les acceptons sans conditions, elles sont le cadre du projet.
Quelle qualité architecturale peut on produire avec 1000 €/m²?
La réponse à un contexte économique tendu s’opère par une attention aux éléments réemployés. L’échelle réduite permet d’expérimenter un projet mettant en œuvre moins d’énergie grise (matériaux neufs produits, transport) pour plus de matière grise (sourcing, assemblage, détournement).
Etant donné les petites quantités mises en œuvre, nous privilégions un dialogue avec l’entreprise retenue plutôt qu’une réponse au DCE en bonne et due forme. Cette phase d’ajustement nommé «dialogue constructif» rémunère l’entreprise pour le temps passé à évaluer les solutions techniques pertinentes en fonction de sa capacité de faire (prestation de service annexée au contrat). Cette mission permet de valoriser le temps passé à la recherche des matériaux de réemploi disponibles, et nous permet d’étudier leur mise en œuvre au fil de l’eau (calepinage, mise en œuvre, finition).
Nous payons moins de matériaux mais plus de temps.
1/4 du budget est investi dans les menuiseries à galandage en aluminium anodisé; sur mesure elles s’effacent complètement dans les murs pour ouvrir entièrement l’espace de vie sur le jardin.
Les extensions successives forment désormais un volume continu, le jardin devient la pièce supplémentaire.