Place Jean Jaurès

Lyon (69)

Faire place : Définition

1) Remplacer une chose par une autre, de façon plus ou moins lente.
2) Activer l’urbanité d’un lieu pour en faire un espace qui polarise le tissu de la ville dans lequel il s’insère.

 

Placebo : Constat ; un vide mais pas une place

La place Jean Jaurès possède l’échelle d’une place mais n’en a pas la dimension. Le manque d’éclairage public et les obstacles créés par la disposition de bancs, de grilles, de places de stationnement rendent autant sa traversée que sa lecture, difficiles. La place répond aujourd’hui à la même logique que la cour de l’école voisine qui semble s’y déverser. Un grand vide central dévolu aux sports collectifs ou à des réunions informelles essentiellement pour les hommes avec une relégation des femmes en périphérie entre les allées.

 

Remplacer : Inverser le schéma spatial pour repenser les usages

L’idée est d’articuler autour d’un espace central, accueillant tous les possibles, quatre places singulières, chacune possédant une identité propre. Chaque sous-place retrouve une échelle humaine, en lien à la fois avec le contexte urbain et le cœur de place. Ces sous-espaces sont des lieux de permanence pensés sur une trame identique. Bien que liés à un programme, une évolutivité des usages y est tout à fait envisageable. Des pavillons de repos permettent de s’abriter des aléas climatiques en toute circonstance et d’annexer des programmes clos. Le groupement d’activités en des bandes programmatiques claires permet de réduire l’isolement des personnes potentiellement vulnérable. Soulignés par une scénographie lumineuse, des espaces de stockage ou des toilettes deviennent des phares de protection, là où on ne les attendait pas. Les édicules que l’on essaye de cacher d’ordinaire deviennent des abris où l’on se réfugie en confiance, à la vue de tous.

 

Place nette : Habiter un nouveau socle, sous les toiles

Le vide existant est conservé et habité par une halle. Utilisant la topographie existante, un socle se dégage, créant des emmarchements liant place haute et places basses. Cette structure revêt plusieurs rôles. Conçue comme une série de portiques lumineux reliés par des câbles tendus, elle redonne transversalité et cohérence aux cheminements. La halle permet aussi d’accueillir une multitude d’usages, du marché à la galerie d’exposition. Si les câbles protègent du soleil en été, une toile tendue permet de s’abriter des intempéries. Cette toile couvre en permanence les galeries latérales et se replie au niveau de la nef centrale afin d’ouvrir l’espace sur les platanes existants. La place garde une forme de permanence, en toute saison, grâce à cette halle.

 

Déplacer : S’y déplacer et déplacer les usages

La nouvelle composition de la place facilite les cheminements des cyclistes et des piétons, en privilégiant les traversées directes. On identifie, grâce aux pavillons, les stationnements pour vélos, ainsi que les arrêts de bus. Les allées de platanes conservés sont repensées comme des interstices à habiter. Plus que de simples lieux de passage, on y lit, joue, musarde et échange. Le mobilier réversible propose plusieurs lectures à un même espace évolutif, apportant une versatilité au gré du temps et des affectations que reçoit la place.

  • Programme : place publique, halle polyvalente
  • Maître d’ouvrage : mairie de Lyon
  • Budget : 5 000 000 €
  • Surface : 15500 m²
  • Mission : concours classé sans suite
  • Année : 2021